Les Vaches Rouges

Quelqu'un sonne à la porte pendant l'heure du déjeuner. C'est une jeune femme qui habite un appartement dans l'immeuble que nous voyons de la terrasse. Une grande cour nous sépare. Son chat Miou Miou est tombé du balcon. Peut-être qu'il a sauté, le premier étage n'est pas très haut. Des voisins l'ont vu en train de jouer avec nos chats. La jeune femme a peur qu'il a été volé, il est beau, type angora tigré marron. Sans grand espoir, j'ai promis de l'appeler dès que je le vois.

L'intolérance prend plusieurs formes. Ce dont je viens d'être témoin, c'est l'intolérance des anti-vivisecteurs (pour des raisons scientifiques) contre les anti-vivisecteurs (pour les raisons éthiques). C'est dingue comme on peut être obtus, têtu, borgne et méchant à la fois, tout pour attaquer des gens qui partagent vos croyances, c'est à dire, qu'il ne faut pas faire des expériences sur les animaux. Il faut qu'ils lisent Jonathon Swift, mais ils ne seraient pas capables. Ils n'ont même pas lu La Libération Animale de Peter Singer, donc chercher de l'ironie dans le 17ème siècle ne serait pas leur truc.

Le pire, c'est que la personne qui crie le plus fort contre les gens qui sont opposés à la vivisection pour des raisons éthiques, mange des animaux. Il en est même fier de manger des veaux sous leur mère et autres délices bio.

Il ne faut pas s'étonner que le mouvement pour les animaux s'avance si lentement.

Place des Salins,8h du soir. Nous faisons le tour de la place avec Romeo le caniche et sa maîtresse. C'est une ancienne sage-femme, intelligente et vive, intéressée par les problèmes des animaux. Elle s'inquiète que les chiens des SDF ont très soif, maintenant que la mairie a coupé l'eau d'une petite fontaine où ils avaient l'habitude de s'abreuver. Les fontaines et les espaces vertes sont les victimes principales de la folie de grandeur de notre maire, l'ignoble Serge Godard. Même la grande fontaine de la Place de Jaude a été enlevée pour les "renovations", (c'est à dire le remplacement des grands arbres et des jardins par du beton pur), et ne sera pas remise en place.

La maîtresse de Romeo fait partie des résidents du quartier qui cherchent Bilbo, mais elle non plus ne l'a pas vu depuis quelques semaines. Par contre, elle a vu un lapin dans les buissons à côté de l'entrée du parking souterrain. Un lapin en centre ville? Il ne serait pas venu tout seul, quelqu'un a dû l'abandonner. Il est là depuis quelques mois, une voisine en face lui apporte du pain. Comme les chiens SDF, il doit avoir soif, l'herbe autour des buissons n'a pas l'air juteux. Il doit avoir peur aussi. Quelle vie de lapin.

Michel, le SDF "résident" du parc, est devenu très aimable. Il passe ses journées à boire de la bière avec des copains sous les grands arbres, la nuit il dort sur un banc. Au moins il n'a pas trop chaud. Chaque fois qu'il me voit il vient me dire qu'il n'a pas vu Bilbo. L'Association Protectrice des Animaux (hmmm) m'informe qu'ils ne pourraient pas enlever Bilbo de son maître, même pour le soigner. Il faut passer par le tribunal. Les Vaches Rouges n'ont pas de quoi payer des frais d'avocat. (A suivre....)

Parmi toutes ces horreurs, un petit rayon de soleil. Deux fois par semaine je donne des cours d'anglais à une femme qui va vivre aux Etats-Unis. Son mari est ingénieur chez Michelin. Elle est débutante totale, ses cours ont commencé à zéro. Aujourd'hui on travaillait les questions simples, par exemple "Do you have a cat? Yes, I do. What's his name? His name's Titus. Titus? That's the name of an emperor..." Ce Titus a plus de chance que l'empéreur. Abandonné, affamé, couvert de tiques et de puces, il s'est installé sur la terrasse de cette famille. Souvent les gens d'ici se contentent de donner à manger aux chats errants, mais pas mon élève. Elle l'a emmené chez le vétérinaire, a soigné ses maladies et lui a débarrassé de ses parasites, et l'a invité à vivre en famille. C'était il y a cinq ans. Maintenant il a un passeport, et dans deux mois il prendra l'avion pour la Caroline du Sud, où il passera trois ans avec sa famille. Si je n'avais pas demandé "Do you have a cat?", Michèle mon élève n'aurait rien dit, pour elle c'était normale. Elle n'est ni Amie des Bêtes ni veggie, seulement quelqu'un de généreux, ce qui est tellement rare.

Scotchée à un arbre dans le parc des Salins, une photo d'une perruche jaune perdue. Elle habitait l'Avenue de la Libération, et les enfants pleurent. Dans la boulangérie, une page A4 nous informe qu'une chatte persane est perdue devant le supermarché Casino. La boulangère dit qu'elle est tombée d'un balcon.

Il parait que beaucoup de chats tombent des fenêtres et des balcons. Et les chiens?
Nikita, berger belge ravissante, a été adoptée au refuge APA par une amie, Belge aussi. Un soir, un homme qui conduisait sa voiture sur une petite route a dû s'arrêter, à cause d'un chien assis au milieu de la chaussée. C'était Nikita, et à côté d'elle était mon amie, inconsciente à cause d'une blessure à la tête. Elle a été longtemps hospitalisée, sans qu'on découvre ce qui lui est vraiment arrivé. Pendant les mois où elle était à l'hôpital ou en ré-éducation, Nikita logeait chez nous. Elle s'entendait très bien avec Anaïs, essayait de ne pas trop embêter les chats, était d'une parfaite gentillesse avec tout le monde. Elle avait des défauts, pourtant. Très nerveuse, il fallait la promener pendant de longues heures pour qu'elle se fatigue assez pour dormir. Et pendant les promenades dans la forêt, il ne fallait pas la perdre de vue, car elle ne revenait pas quand on l'appelait. Sa première famille d'adoption était des sourds-muets, et elle n'a jamais appris à obéir à la voix humaine. C'était Anaïs qui devait la surveiller, et la ramener quand elle allait trop loin. Elle avait peur de la nuit, et surtout des orages. Mais son pire défaut, c'est qu'elle savait voler. Oui, comme un oiseau. Aucune clôture n'était trop haute pour elle. Le mur en pierre de notre jardin mésurait 1m50 de notre côté, presque 3m de l'autre. Tous les matins elle sautait ce mur pour aller dire bonjour à la voisine, qui avait un salon de coiffure. Je la trouvait au milieu des clientes, heureuse comme tout car tout le monde l'aimait.

Quand sa maîtresse est sortie de l'hôpital, Nikita est rentrée chez elle, et peu de temps après la famille a demenagé à Paris. Plus de grande maison auvergnate, mais un appartement au quatrième étage. Un soir, Nikita était seule à la maison quand un orage a éclaté. Paniquée, affolée, la chienne a trouvé une fenêtre ouverte et a sauté dans le vide. La chute ne l'a pas tuée, et elle a même réussi à traverser la rue où une voisine l'a trouvée et l'a amenée dans une clinique vétérinaire. Après une opération et des soins divers, son arrière-train restait paralysé. Elle ne pouvait plus marcher, elle ne pourrait jamais plus voler. On lui a fait une piqûre, et son agonie s'est terminée.

Je voudrais bien écrire des histoires heureuses, mais c'est rare que les vies des animaux terminent bien. C'est comme ça. Nikita avait de la chance d'être aimée.
C'était un être extraordinaire, inoubliable. Mais combien de cochons extraordinaires périssent dans les abattoirs sans qu'on leur prête la moindre attention? Combien de vaches curieuses, charmantes, sont torturées à mort dans les élevages laitiers?

Ce blog est profond, mais intéressant. Des idées plutôt que des histoires d'animaux.

http://david.olivier.name/blog/

Plusieurs fois par jour, Annie attache la laisse au collier de son petit chien, prend son panier, et descend dans la rue. Dans le panier il y a trois choses: une petite gamelle pour mettre de l'eau, un sac en plastique plein de croquettes, et un appareil photo. Si elle trouve Bilbo elle lui donnera à manger, mais aussi elle va le prendre en photo. Pour les journaux, dit-elle. Le problème actuel, c'est que nous ne voyons plus ce chien. Des SDF nous parlent de lui: Michel, qui est gentil avant d'avoir bu, m'a dit qu'il l'a vu l'autre jour dans le parc des Salins, et que son oeil est pire que jamais. Il a vu Alain en train de le battre, et il confirme que le chien est souvent attaché à un banc dans le parc toute la nuit. Si seulement on le voyait attaché au banc aujourd'hui, je n'hésiterais plus à l'emmener à l'APA.

La dernière fois que je l'ai vu, j'ai hésité, et il est parti. J'ai pensé que bien que sa vie soit insupportable, est-ce que ça serait mieux au refuge? Aujourd'hui je pense qu'au moins au refuge on pourrait soigner son oeil, ce que son maître était trop parasseux à faire.

Technologiquement incompétente, j'ai fait disparaître un de mes blogs quand j'étais en train d'essayer de créer des liens vers un site. (J'ai réussi à créer des liens pour quelques unes de mes histoires, je ne sais pas comment! mais maintenant cela ne marche plus.)

Le blog que j'avais fait disparaître s'intitulait "Catholiques non réactionnaires", où j'ai parlé de deux sites pro-animaux, pro-végétariens, mais catholiques. Incroyable mais vrai. Et voici j'ai retrouvé l'adresse d'un de ces sites:

http://animal-respect-catholique.org/souffrances.htm

Sur la page "souffrances.htm" il y a des liens vers des videos. Le premier, qui montre la neurochirurgie sur un singe partiellement anaesthésié, va vous faire vomir. Il y a deux autres films, un sur les cochons, un sur les corridas. Je ne les ai pas encore visionnés, manque de temps et de courage. Faites-le pour moi, et puis laissez vos commentaires sur mon blog.

Alléluia!

Vous souvenez-vous du film "Le Parrain"? Quand il se reveille, et trouve la tête coupée de son cheval sur son lit? Ce matin j'ai mal réagi quand j'ai découvert un oiseau mort, heureusement pas sur mon lit, mais juste à côté. Une merlette je pense, mais je ne suis jamais sûre des oiseaux européens. N'ayant plus de jardin pour l'enterrer c'était plutôt la poubelle, emballée d'abord dans deux sacs en plastique.

Les chats étaient très contents, surtout la petite Aïda. Je ne sais pas qui a assassiné la merlette, mais c'était probablement Aïda qui avait l'idée géniale de me l'apporter au lit. C'est aux moments comme ceci qu'Isabeau me manque: elle n'auraient jamais permis ça. Ma chambre était son territoire, et elle la défendait contre les invasions barbares.

Les barbares avaient très faim après toute leur activité matinale, et pendant quelques minutes tout ce qu'on entendait c'était le bruit des croquettes en train d'être broyées.

Nous disons rarement "nos chats". On les appelle plutôt "les Dellaroos", forme australienne de "Famille de la Rue". Antoinette, enceinte, se trouvait litéralement dans la rue. Après s'être accouchée dans une maison abandonnée, elle a apporté sa petite famille dans le jardin de mes voisins, où je les ai recupérés. Personne ne voulant adopter ces chatons sauvages, toute la famille est restée ensemble. Depuis la mort d'Isabeau, les Dellaroos commencent à revendiquer leurs droits. Isi les méprisait. Elle, qui avait une grande-mère Angora, qui connaissait son père et en plus qui est née dans une cuisine, se trouvait infiniment supérieure à ces chats de village. La seule chose qui les liait c'était la couleur: tout le monde était noir.

Maintenant libérés de l'oeil critique d'Isabeau, les Dellaroos deviendront-ils moins effacés? moins sauvages? Où bien, deviendront-ils plutôt des tueurs en série?

Dominique Labro a créé un blog sur l'intélligence et la sensibilité animale, sujet d'une grande importance. Ce n'est que récémment que "nous" découvrons que les animaux savent se servir des outils, et qu'ils ne sont pas 'programmés génétiquement' mais que plutôt les parents apprennent ces compétences à leurs enfants.

http://animalsentient.canalblog.com/

L'association Sauve a besoin de vous.

Marie-Claude sauve des chats, ceux abandonnés, torturés, condamnés à mort après avoir dépassé leur date de fraîcheur.

Elle a des factures vétérinaires très élevées. Pouvez-vous lui aider à les payer?

Allez sur le site http://www.association-sauve.org

"Antar, Oedipe et les autres" se trouve au 12 mai, donc, tournez la page s'il vous plaît.

En train de faire une traduction technique et difficile ce matin, pour me reposer j'ai passé quelques minutes à regarder sur le web. Curieuse de voir si ma photo de Benoît, le cheval blessé, était toujours sur le site d'Animals Angels, j'y suis allée. Benoît n'est plus en vue, mais ils ont maintenant une liste de leurs employés. En haut, une notice vante que chaque employé parle au moins deux langues étrangères, et a fait des études universitaires, ou au moins des études professionnelles. Le dernier nom sur la liste est celui de Melissa, qui travaille au Canada, et dont la profession donnée est celle de "meat inspector". Cela veut dire, inspectrice de viande. Cependant, cette fille n'a jamais été inspectrice de viande. Elle était tueuse en abattoir, et fière de l'être. Je ne suis pas sûre qu'elle a fait de longues études pour suivre cette profession, étant entrée à l'abattoir après avoir quitté l'école. Quant à ses deux langues étrangères, en tant que Canadienne anglophone elle ne parle même pas un mot de français......

Pourquoi ce mépris pour la vérité?

Pour savoir plus sur cette association championne de la recolte des euros, vous pouvez lire mon blog de février "Qui est-ce?" et d'avril "Nobody's perfect".

Bonne nouvelle 1:
Le magasin Biophare à Clermont-Ferrand a toujours 2 affichettes (recto/verso) de la Semaine Mondiale des animaux de laboratoire sur une porte à l'entrée. Ca fait 2 mois que les clients peuvent s'informer sur les souffrances infligées aux animaux de laboratoire.

Bonne nouvelle 2:
Ma banquière m'a informé l'autre jour que, suite à une conversation au moment de la SMAL, elle a décidé de ne plus acheter des produits testés sur les animaux. Elle utilise maintenant des produits de beauté de la marque Nuxe. Je ne sais pas si cette marque est toujours sur la liste One Voice, mais au moins cette jeune femme a pris un premier pas dans la bonne direction.

Ce soir je me promenais avec Anaïs près de la piscine, où il y a des jardins, des arbres et des pelouses. Et beaucoup de réverbères. Anaïs a fait la connaissance d'un berger allemand timide, une rottweiler décontractée et un petit chien noir et blanc qui ressemblait à un dessin d'enfant. Les trois appartenaient à deux jeunes femmes sympathiques, avec qui j'ai bavardé un peu. J'ai appris que le berger avait été abandonné par des SDF dès qu'il n'était plus un petit chiot. Selon la maîtresse du berger, cela arrive assez fréquémment. Quand on mendie, un tout petit chien attire la sympathie et les pièces de monnaie. Avant l'age adulte, on le remplace par un autre chiot plus jeune. Il y a toujours beaucoup de chiots, parce qu'on ne stérilise pas les femelles.

Elle a même raconté une histoire vraiment horrible: il paraît qu'à Vichy on a trouvé un hangar plein de jeunes chiens égorgés, probablement par des SDF.

Avant de rencontrer les habitués du parc des Salins, je n'aurais pas cru une telle histoire. Maintenant je pense que c'est possible.

Bilbo a disparu.

Lundi soir il était au parc avec son maître. Son oeil va mieux mais il n'est pas encore guerri. Puisque je n'avais acheté que la moitié des médicaments, (espérant bêtement qu'Alain acheterait le reste, comme quelqu'un de responsable), je lui ai proposé d'aller ensemble à la pharmacie. C'est lui qui a gardé l'ordonnance. Il ne pense pas que c'est utile, le chien va bien, tout va bien. Il ne faut pas arrêter les antibiotiques en mi-chemin? C'est pas grave, le chien va bien. Je suis allée voir la pharmacienne, qui a promis que si Alain se présente avec l'ordonnance elle lui donnera les médicaments. Je lui paierai après.

Le lendemain matin Bilbo était seul au parc. Il s'est laissé caresser, mais c'est comme s'il attend d'être battu. Il ne portait pas le lourd collier chaîne qu'il porte d'habitude. Annie, qui a un petit caniche croisé qu'elle a trouvé dans la rue, tiens, m'a dit qu'elle a entendu un chien pleurer toute la nuit. Tôt le matin elle a entendu des voix qui se disputaient, puis le chien a arrêté de pleurer. Annie apporte toujours dans son sac une gamelle pour donner de l'eau aux chiens sdf. D'habitude elle a aussi des croquettes, mais aujourd'hui elle n'en a pas. Elle est partie chercher de l'eau, et quand elle est revenue elle avait le collier de Bilbo à la main. Elle l'a trouvé attaché à un banc par un bout de corde. Bilbo avait soif et il a bu de l'eau, mais quand il a vu le collier il est parti en courant.

Trois jours plus tard, aucun signe de Bilbo ni de son maître, ni des copains. Maintenant, je porte toujours un petit sac de croquettes en cas où on retrouve le chien. C'est parce que je me rends compte que je ne peux rien faire pour lui, sauf peut-être assouvir sa faim et son soif.