Sunday, June 19, 2005
Nikita
Scotchée à un arbre dans le parc des Salins, une photo d'une perruche jaune perdue. Elle habitait l'Avenue de la Libération, et les enfants pleurent. Dans la boulangérie, une page A4 nous informe qu'une chatte persane est perdue devant le supermarché Casino. La boulangère dit qu'elle est tombée d'un balcon.
Il parait que beaucoup de chats tombent des fenêtres et des balcons. Et les chiens?
Nikita, berger belge ravissante, a été adoptée au refuge APA par une amie, Belge aussi. Un soir, un homme qui conduisait sa voiture sur une petite route a dû s'arrêter, à cause d'un chien assis au milieu de la chaussée. C'était Nikita, et à côté d'elle était mon amie, inconsciente à cause d'une blessure à la tête. Elle a été longtemps hospitalisée, sans qu'on découvre ce qui lui est vraiment arrivé. Pendant les mois où elle était à l'hôpital ou en ré-éducation, Nikita logeait chez nous. Elle s'entendait très bien avec Anaïs, essayait de ne pas trop embêter les chats, était d'une parfaite gentillesse avec tout le monde. Elle avait des défauts, pourtant. Très nerveuse, il fallait la promener pendant de longues heures pour qu'elle se fatigue assez pour dormir. Et pendant les promenades dans la forêt, il ne fallait pas la perdre de vue, car elle ne revenait pas quand on l'appelait. Sa première famille d'adoption était des sourds-muets, et elle n'a jamais appris à obéir à la voix humaine. C'était Anaïs qui devait la surveiller, et la ramener quand elle allait trop loin. Elle avait peur de la nuit, et surtout des orages. Mais son pire défaut, c'est qu'elle savait voler. Oui, comme un oiseau. Aucune clôture n'était trop haute pour elle. Le mur en pierre de notre jardin mésurait 1m50 de notre côté, presque 3m de l'autre. Tous les matins elle sautait ce mur pour aller dire bonjour à la voisine, qui avait un salon de coiffure. Je la trouvait au milieu des clientes, heureuse comme tout car tout le monde l'aimait.
Quand sa maîtresse est sortie de l'hôpital, Nikita est rentrée chez elle, et peu de temps après la famille a demenagé à Paris. Plus de grande maison auvergnate, mais un appartement au quatrième étage. Un soir, Nikita était seule à la maison quand un orage a éclaté. Paniquée, affolée, la chienne a trouvé une fenêtre ouverte et a sauté dans le vide. La chute ne l'a pas tuée, et elle a même réussi à traverser la rue où une voisine l'a trouvée et l'a amenée dans une clinique vétérinaire. Après une opération et des soins divers, son arrière-train restait paralysé. Elle ne pouvait plus marcher, elle ne pourrait jamais plus voler. On lui a fait une piqûre, et son agonie s'est terminée.
Je voudrais bien écrire des histoires heureuses, mais c'est rare que les vies des animaux terminent bien. C'est comme ça. Nikita avait de la chance d'être aimée.
C'était un être extraordinaire, inoubliable. Mais combien de cochons extraordinaires périssent dans les abattoirs sans qu'on leur prête la moindre attention? Combien de vaches curieuses, charmantes, sont torturées à mort dans les élevages laitiers?
Il parait que beaucoup de chats tombent des fenêtres et des balcons. Et les chiens?
Nikita, berger belge ravissante, a été adoptée au refuge APA par une amie, Belge aussi. Un soir, un homme qui conduisait sa voiture sur une petite route a dû s'arrêter, à cause d'un chien assis au milieu de la chaussée. C'était Nikita, et à côté d'elle était mon amie, inconsciente à cause d'une blessure à la tête. Elle a été longtemps hospitalisée, sans qu'on découvre ce qui lui est vraiment arrivé. Pendant les mois où elle était à l'hôpital ou en ré-éducation, Nikita logeait chez nous. Elle s'entendait très bien avec Anaïs, essayait de ne pas trop embêter les chats, était d'une parfaite gentillesse avec tout le monde. Elle avait des défauts, pourtant. Très nerveuse, il fallait la promener pendant de longues heures pour qu'elle se fatigue assez pour dormir. Et pendant les promenades dans la forêt, il ne fallait pas la perdre de vue, car elle ne revenait pas quand on l'appelait. Sa première famille d'adoption était des sourds-muets, et elle n'a jamais appris à obéir à la voix humaine. C'était Anaïs qui devait la surveiller, et la ramener quand elle allait trop loin. Elle avait peur de la nuit, et surtout des orages. Mais son pire défaut, c'est qu'elle savait voler. Oui, comme un oiseau. Aucune clôture n'était trop haute pour elle. Le mur en pierre de notre jardin mésurait 1m50 de notre côté, presque 3m de l'autre. Tous les matins elle sautait ce mur pour aller dire bonjour à la voisine, qui avait un salon de coiffure. Je la trouvait au milieu des clientes, heureuse comme tout car tout le monde l'aimait.
Quand sa maîtresse est sortie de l'hôpital, Nikita est rentrée chez elle, et peu de temps après la famille a demenagé à Paris. Plus de grande maison auvergnate, mais un appartement au quatrième étage. Un soir, Nikita était seule à la maison quand un orage a éclaté. Paniquée, affolée, la chienne a trouvé une fenêtre ouverte et a sauté dans le vide. La chute ne l'a pas tuée, et elle a même réussi à traverser la rue où une voisine l'a trouvée et l'a amenée dans une clinique vétérinaire. Après une opération et des soins divers, son arrière-train restait paralysé. Elle ne pouvait plus marcher, elle ne pourrait jamais plus voler. On lui a fait une piqûre, et son agonie s'est terminée.
Je voudrais bien écrire des histoires heureuses, mais c'est rare que les vies des animaux terminent bien. C'est comme ça. Nikita avait de la chance d'être aimée.
C'était un être extraordinaire, inoubliable. Mais combien de cochons extraordinaires périssent dans les abattoirs sans qu'on leur prête la moindre attention? Combien de vaches curieuses, charmantes, sont torturées à mort dans les élevages laitiers?