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Sunday, May 29, 2005

 

Le chat à sept mille francs

C'est une créature modifiée génétiquement. Sa propriétaire voulait un chat qui serait content de rester seul toute la journée, on lui a recommandé d'acheter un chat de la race nommée Sacré de Birmanie. Sa propriétaire l'adore, pour elle c'est une poupée. Il a de longs poils soyeux, les yeux bleus, et une queue d'écureil.

Bien qu'ils habitent à la campagne, le chat ne sort jamais. Sa propriétaire à peur que les manouches le volent. En plus, il y a les chats de la ferme à côté qui viennent chasser dans le pré. Ils ont des maladies, le Sida par exemple. Parfois l'agriculteur est obligé de les tuer à distance. Oui, avec un fusil.

Mais ce chat ne sortira jamais, surtout parce qu'il a coûté 7000 francs. On ne peut pas se permettre de risquer la vie d'une bête qui a coûté si cher.

Thursday, May 26, 2005

 

L'homme à la chemise hawaïenne

Pour le film Meet your Meat, j'avais l'impression qu'il y avait une foule, mais je n'ai pas eu le temps de les compter. Quelqu'un d'autre l'a fait, et il y avait 15 personnes, si on comptait le barman (qui écoutait avec intérêt), mais sans compter les membres des Vaches Rouges. Donc, pour Clermont-Ferrand c'était une foule plus 5.
Quelques applaudissements à la fin. Quatre personnes, vues pour la première fois, ont laissé leurs coordonnés.

Des questions et des commentaires intéressants, posés par un public intéressé. Un vieux monsieur très gentil a suggéré que je devrais montrer ce film aux élèves de terminale. Philippe le psy lui a dit que c'est impossible, qu'une prof de collège qui a parlé à ses élèves contre les cirques a perdu son travail. Je ne savais pas qu'on pouvait limoger les profs pour une telle raison, mais peut-être c'est possible.

Un jeune homme qui portait une chemise hawaïenne et qui était assis loin, m'a posé une question sur le transport. Je n'ai pas bien compris sa question, ma copine Danièle m'a aidée à répondre. Plus tard j'ai appris qu'en effet Danièle non plus ne l'a pas compris, car il avait demandé pourquoi on a passé du temps à parler du transport, quand c'est une chose sans importance. Je pense qu'il a un problème pour s'exprimer. Je pense aussi qu'il n'a pas compris le film, du tout.

A la fin de la discussion, quand j'ai demandé aux gens de laisser leurs coordonnés, l'homme à la chemise hawaïenne a refusé. J'étais un peu étonnée, car je ne l'avais pas trouvé hostile. Mais bon, j'étais tellement concentrée à passer le film et parler en français et écouter les commentaires, que je n'ai pas tout remarqué. Il a dit que le film c'était comme un reportage TF1, plein de pathos, et que c'était trop aggressif. On aurait dû essayer une approche plus douce, plus séduisante, écouter les points de vue de tout le monde. Quelque chose de consensuelle. Il a admis que le film était tout à fait comme la pub et l'article de journal avaient promis. Donc, je ne sais pas pourquoi il est venu. Il a dit être végétarien, puis il a dit le contraire.

C'est possible que la présence de ce jeune homme avait un côté positif. Il m'a fait comprendre que tout le monde ne va pas être touché par un film sur la souffrance des animaux. Pendant que quelques femmes ne supportaient pas la vue des vaches boiteuses, leurs sabots complètement tordus, cet homme restait insensible. Les cochons battus avec des barres de fer, les becs coupés des poussins, les bovins écorchés vivants, tout cela ce n'était que du pathos pour lui.

La première fois que j'ai vu Meet your Meat, j'avais envie de le montrer à autant de gens que possible. Ce n'est qu'un début.

Tuesday, May 24, 2005

 

Qui va-t-on manger ce soir?

Dans un monde où la plupart des gens sont soit indifférents, soit agressifs les uns envers les autres, heureusement il y a des exceptions. Marc, journaliste d'Info, l'hebdomadaire gratuit du Puy-de-Dôme, écrit très bien; c'est un mystère pourquoi il travaille toujours pour Info. En plus, il est pour les animaux. Quand il écrit sur une action des Vaches Rouges, c'est une aide précieuse. J'espère que son article titré "Qui va-t-on manger ce soir?" attirera les foules. Je plaisante. Une foule pour une conférence sur les animaux de boucherie, c'est 10 personnes à Clermont-Ferrand.

L'oeil de Bilbo va mieux, je l'ai vu hier soir. Il nous a vu traverser le parc en rentrant de mon cours d'anglais, il est venu vers nous. Il n'a pas agressé Anaïs, et il m'a laissé regarder son oeil, qui est maintenant visible. L'abcès a rétréci.

L'inspecteur de l'APA est venu chez moi hier. Il n'a pas encore vu le chien. Peut-être c'est mieux comme ça. Il parait que le maître de Bilbo s'est mis en colère parce que tellement de gens du quartier lui demandaient des nouvelles de son chien. Il y a une mouvement de soutien de cet animal qui n'a pas gagné le Loto de la vie. Mais je suppose que c'est moi qui acheterai l'autre moitié de son ordonnance. D'habitude, le soutien reste au niveau de la parole.

Sunday, May 22, 2005

 

Raining cats and dogs

En anglais, "raining cats and dogs" veut dire qu'il pleut beaucoup. Dans mon cas, ça veut dire que les trois chats et la chienne doivent rester dans l'appartement, et que personne n'est très content. J'aurais aimé aller me promener à la campagne pour oublier un peu cette fin de semaine dure. Anaïs aurait aimé m'accompagner. Les chats auraient aimé se bronzer sur la terrasse, et aller taquiner le yorkshire de nos voisins. Au lieu de cela, tout le monde reste à la maison, où le parfum d'ambiance est l'odeur de chien mouillé, et où il faut mettre la lumière à trois heures de l'après-midi. La déprime.

Ce matin au parc la maîtresse de Misty, le caniche croisé, m'a parlé de Bilbo. Elle m'a dit que souvent, quand il est abandonné seul pendant quelques jours, elle lui apporte à manger. C'est très bien, mais pourquoi ne l'emmène-t-elle pas chez elle, et éventuellement à l'APA, pour le sauver de sa vie misérable? Elle a peur de lui, semble-t-il. Je ne pense pas que c'est tout. Nous avons trop de respect des droits du propriétaire. Bien que sa vie soit infernale, Bilbo appartient à Alain. Aider le chien à commencer une nouvelle vie, ça serait le vol.

Ce qu'elle va faire pour moi, cette dame, elle va demander discrètement si Alain se souvient de mettre la collyre et donner les gélules à son chien. Je ne veux pas m'approcher des SDF pour le moment. Ils étaient tous là ce matin, entassés sur les marches d'un immeuble où ils étaient à l'abri de la pluie.

Quand j'ai vu ce chien pour la première fois, je n'ai pensé qu'à soigner son oeil. Maintenant, je veux qu'il mange correctement. C'est de la folie! Je ne peux pas m'occuper des chiens des SDF, ou plutôt je ne veux pas. Je me vois en train de tomber dans un piège, comme les SPA, APA et autres assos de la protection animale. Dès qu'on commence à regarder autour de soi, on se rend compte de toute la misère des animaux de compagnie, parce qu'ils sont les plus visibles. On pourrait passer sa vie à n'aider que les chiens et les chats, sans avoir le temps d'alléger la souffrance ni d'une truie gestante ni d'une vache laitière.

Encore une fois, j'ai raté la Veggie Pride à Paris. J'ai vu les photos, et j'aurais tellement aimé être là avec tous ces inconnus qui sont mes frères et soeurs. Les masques d'animaux étaient impressionnantes, et j'ai adoré la photo d'un cheval qui avait emmené son petit mouton masqué.

Friday, May 20, 2005

 

On s'en fout

L'homme s'appelle Alain et son chien s'appelle Bilbo. Ils étaient au rendez-vous à 16 heures, avec tous leurs copains. C'était un moment à ne pas manquer, la première fois que Bilbo va chez un vétérinaire.
Le véto a examiné l'oeil, et ensuite a écrit une ordonnance. Des collyre et des gellules antibiotiques. Quand Alain a dit qu'il n'avait pas d'argent, le vétérinaire n'a pas insisté sur ses honoraires.
Le pharmacien était moins généreux. Il a refusé de donner la moindre goutte de collyre sans argent. En effet, il a dit qu'il l'aurait fait si c'était pour une personne, mais pas pour un chien. J'ai acheté la moitié des médicaments, assez pour 15 jours, et Alain doit trouver les 11 euros pour payer le reste. J'ai peur qu'il ne le fera pas.
Sous le grand arbre, le tribu des copains ont déjà entamé le premier carton de bière de la soirée. Une jeune femme aux yeux durs dit qu'elle s'enfout de Bilbo. Je lui ai demandé comment elle pouvait s'asseoir tous les soirs à côté d'un animal qui souffrait, sans réagir. Sa réponse: elle s'occupe de son chien, et ne regarde pas les chiens des autres. Si moi je veux aider les chiens, c'est mon problème. Pas le sien. Un homme presque édenté a trouvé ça rigolo. Il a levé sa bouteille de bière au dessus de sa tête, et a répété: A votre problème.
Mon problème n'avait pas encore commencé. C'était au réveil le lendemain que j'ai constaté que ma peau était toute rouge et me démangeait. Une allergie, a dit le médecin. Mais une allergie à quoi? Peut-être c'était une réaction à la maltraitance infligée aux chiens, et l'apathie et l'égoisme des gens du parc.

 

L'Inspecteur

Bien que je lui explique que d'habitude les SDF arrive au parc plus tard, l'Inspecteur de l'APA est venu chez moi vers 17 heures. Ensemble nous avons fait le tour de la place et des bars, on est même allé à la gare, mais aucune trace du chien noir ni de son maître. Après son départ, je suis sortie pour faire des courses au supermarché en face du parc. J'ai traversé le parc pour rentrer, et là j'ai rencontré tous les SDF du quartier.
Le maître du chien à l'abcès n'était pas encore ivre, et j'ai pu lui expliquer que je voulais aider son chien. On a pris rendez-vous pour 16 heures demain, et on ira ensemble chez mon véto.

Wednesday, May 18, 2005

 

Le chien du parc des Salins

La jeune femme policier a écouté l'histoire du chien maltraité du parc des Salins avec beaucoup de sympathie, mais elle ne pouvait pas faire grande chose. Selon elle, l'association Protectrice des Animaux (l'APA) est le seul organisme capable d'intervenir dans un cas de maltraitance.
Quand j'ai appelé l'APA, le bruit des chiens qui aboient rend la conversation très difficile. La responsable est débordée, elle suggère que j'appelle la fourrière. A la fourrière on me dit non, c'est la responsabilité de l'APA. Finalement, l'APA propose d'envoyer un inspecteur pour voir l'état du chien, mais il faut que je leur écrive une lettre. Je l'écris, je saute dans la voiture et je l'apporte au refuge. Quelques heures plus tard, l'inspecteur lui-même nous appelle pour dire qu'il va faire l'inspection.
Maintenant, j'évite de promener Anaïs au parc le soir. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai peur.
Ce matin nous avons rencontré Vorko le dobermann et sa maîtresse. Elle dit que cet homme est connu pour sa violence envers les chiens et les gens. De temps en temps il abandonne son chien, qui reste seul au parc pendant des jours à attendre le retour de son maître. En plus, un jour il avait menacé de gifler une femme dont le chien avait renversé sa cannette de bière.
J'espère que l'inspecteur de l'APA le trouvera et sauvera le chien. Est-ce trop à espérer?

 

Faites quelque chose!

Quelqu'un d'anonyme a laissé un message sur le dernier blog. Il s'agit des chiens attachés en permanence pour faire chiens de garde qui aboient. Je ne peux que dire à cette personne: Faites quelque chose! Si vous savez que des animaux souffrent, ne tournez pas le dos. Allez aux gendarmes, allez à la SPA, écrire à One Voice ou Brigitte Bardot, crééz une pétition. Et si rien ne marche, kidnappez le chien victime!
Mais, s'il vous plaît, ne restez pas là en spectateur impuissant - réagissez!

Sunday, May 15, 2005

 

Chiens anonymes

Ce soir vers 19h30 nous rentrions par le parc des Salins. Anaïs aime toujours finir ses promenades au parc, dans l'espoir de retrouver des copains. A l'heure du dîner il n'y a pas grand monde, sauf les chiens des SDF qui restent entre eux. On allait quitter le parc quand une braque est arrivée. Après avoir salué Anaïs, elle a fait comme d'habitude, c'est à dire elle essaie de flairer toutes les odeurs du parc. Elle tourne en ronde dans des petits cercles, puis elle poursuit une odeur à travers le parc en plein galop, puis elle la perd, ensuite elle attrappe une autre..... Une vraie maniaque.

Ne partageant pas son enthusiasme pour la chasse, Anaïs est allée vers les chiens SDF. Un grand chien noir, qui serait beau s'il n'était pas si maigre, s'est approché d'elle. Son oeil droit était bizarre. Quand j'ai voulu l'attrapper pour l'examiner, il avait peur. Avec l'aide du maître de la braque on a réussi à voir son oeil de près. Un énorme abcès rouge l'obscurcissait. Quand j'ai laché le chien il est couru vers son maître, assis dans sa voiture (numéro d'immatriculation 2316WT63)en train de boire de la bière. Aucun dialogue possible. "No problem" était sa réponse à toute suggestion. J'ai commencé par proposer qu'il emmène son chien chez le vétérinaire de garde. No problem. Les abcès font très mal. No problem. J'emmenerais le chien chez le vétérinaire de garde. No problem. Je paierais les frais de vétérinaire. No problem. En effet, il a dit quelque chose d'autre, entre les gorgées de bière et les hoquets. Il a dit que dans cinq ou six semaines l'oeil irait bien, faut seulement attendre. N'ayant pas envie de devenir victime aussi, j'ai abandonné le chien aux soins de son maître ignoble.

J'ai retrouvé Anaïs en train de jouer avec la braque. Maintenant elles avaient l'air de s'entendre bien. J'avais un peu honte parce que je ne me suis pas souvenue du nom de la chienne, tandis que son maître n'a pas oublié le nom d'Anaïs. Mais ce n'est pas grave. La braque anonyme a de la chance d'avoir un maître qui s'occupe bien d'elle. Le chien SDF anonyme n'a pas de chance du tout.

Thursday, May 12, 2005

 

Antar, Oedipe et les autres

Ma soeur a passé plusieurs années dans quelques pays du proche et du moyen orient. Dans cette région, il y a beaucoup de gens très pauvres qui se servent toujours des animaux comme moyen de transport et pour gagner leur vie. Souvent la frustration d'un peuple devant l'injustice de la pauvreté ou de l'oppression politique, crée une situation où ils deviennent eux mêmes les oppresseurs des autres. Les victimes peuvent être des femmes ou des enfants. Elles peuvent aussi être des animaux. Ma soeur était très sensible à cette situation mais ne savait pas quoi faire, ni pour les gens ni pour leurs animaux. Le jour où elle a acheté tous les melons d'un vendeur, parce que le poids était visiblement trop lourd pour le petit âne qui les portait, elle a eu une grande déception: une demi-heure plus tard le vendeur était de retour avec de nouveaux melons, et l'âne était aussi chargé qu'avant.

Quand je suis arrivée chez elle à Jérusalem, elle gardait un âne dans son jardin. Il avait été sauvé par une amie qui roulait en voiture entre Jérusalem et Tel Aviv. Il faut préciser que cette histoire se passe il y a trente ans, avant les Intifada et les murs de beton. L'amie, une étrangère comme ma soeur, a remarqué des adolescents qui jouaient avec un poulain au bord de la route. Deux étaient montés sur son dos, et les autres le frappaient pour qu'il avance. L'animal était trop jeune pour porter du poids, et il allait s'écrouler. Je ne me souviens pas comment la femme a pu prendre possession de lui, sûrement après avoir payé un bon prix. Je sais seulement qu'elle est rentrée à Jérusalem avec un âne dans sa voiture, et que c'était ma soeur qui lui a fourni gîte et couvert. On l'a appelé Antar.
Il était noir et beau et vif, et chaque jour il grandissait un peu plus. La cour d'une vieille maison de Jérusalem Est ne pouvait plus lui suffir. Il a été convenu qu'Antar irait vivre dans le village de Mahmoud, et en échange pour quelques travaux dans les champs il pourrait manger à sa faim et dormir dans une étable propre. J'espère qu'Antar a pu vivre quelques années heureuses, avant que l'Histoire (avec un grand H) ne s'interpose entre lui et sa fin heureuse.

Un jour, je marchais dans la rue près de la vieille ville. Il faisait chaud. Des enfants, assis devant une maison, mangeaient des glaces à l'eau. De temps en temps un des enfants étendait sa glace pour qu'un petit chat pourrait la partager, mais dès que le chat essayait de l'attrapper, la glace était retirée, et les enfants s'éclataient de rire. Je n'allais pas m'arrêter, parce que les enfants ne faisaient pas de mal, en plus, je rentrais du travail, j'étais fatiguée. Puis j'ai remarqué que le chaton ne pouvait pas se déplacer: ses pattes de devant étaient liées avec du fil de cuivre. Pour cet animal aucun argent a changé de main, je l'ai attrapé et j'ai couru tout le long de la route de Nablus. A la maison on ne pouvait pas enlever le fil, il avait été en place depuis longtemps et coupait dans la chair des pattes. Un ami a proposé de m'emmener avec le chat chez un vétérinaire. Cet homme ne conduisait pas, il se déplacait toujours avec un chauffeur. Donc, le petit chat de la rue, comme Cendrillon, est allé au bal dans une belle voiture. Sauf qu'il n'est pas allé au bal, mais au monastère de Ratisbonne, où vivaient des moines allemands. C'était dans cet endroit que le vétérinaire recevait ses patients. Mon nepheu, qui apprenait le grec à l'école, a tout de suite baptisé le chat Oedipe, qui veut dire pieds douloureux. Cependant, il était bientôt évident qu'Oedipe était une fille, ce qui n'était pas grave, on l'a appellée Eddie.

Et les autres? Tous les chats de la rue d'Israel, pour qui je n'ai rien fait parce que je ne savais pas quoi faire, le problème étant trop énorme. Tous les ânes trop petits pour leurs fardeaux trop grands. Tous les chevaux squelettiques tirant des carrioles trop chargées. Pour eux, il existe une association qui s'appelle Concern for Helping Animals in Israel (CHAI), et leur site web est http://www.chai-online.org/

Faites un tour sur ce site, vous verrez des histoires atroces, dont quelques unes finissent bien. Il y a même un projet pour un refuge pour les ânes et les chevaux. Espérons que cela deviendra vite une réalité, car ces animaux attendent déjà depuis combien de milliers d'années?

Sunday, May 08, 2005

 

You were on my mind

When I woke up this morning
You were on my mind
You were on my mind
I got troubles, whoa-oh
I got worries, whoa-oh
I got wounds to bind

Isabeau est restée deux jours à la maison après son sauvetage. C'était le weekend de grand chaleur avec de la pluie de temps en temps. Elle a pris des bains de soleil sur la terrasse, elle a mangé à sa faim, elle a fait la sieste sur mon lit. Le dimanche soir on a dîné sur la terrasse. Sachant qu'il y avait des grains de maïs dans la salade, elle s'est dressée sur ses pattes d'arrière, ses pattes de devant à côté de mon assiette. J'ai aligné des grains de maïs sur la table pour qu'elle les attrappe avec sa patte, c'était son truc à elle. Après, quand tout le monde est rentré dans l'appartement, elle n'a pas voulu. Impossible à l'attrapper. Elle est partie pour la dernière fois à travers les toits des garages.

Oui, nous avons essayé de la trouver, mais cette fois sans grand espoir. Je suis retournée le lendemain à l'endroit où Anaïs l'avait retrouvée le vendredi dernier. C'était le jardin du presbytère. Le curé m'a invitée à entrer pour la chercher, mais elle n'était pas là. On a échangé quelques paroles, j'avais l'impression que le curé voulait prolonger la conversation.

- Pourriez-vous dire une prière pour elle? j'ai osé demander.

L'enseignement du XVII siècle qu'il avait reçue était trop fort pour lui.

- Peut-être pas, quand même, il a répondu.

Si un dieu nous a aidé, c'était Ganesh. Le mercredi, je me suis rendue au festival de l'Inde à Chardenoux. On n'avait pas encore trouvé Isabeau, mais j'ai pensé que la méditation pourrait m'aider. Le vendredi après-midi, il y avait une cérémonie au temple de Ganesh qui a duré quatre heures. La pluie s'était arrêtée, on était assis par terre sous les arbres dans la forêt. Le Brahmane, torse nu malgré le froid, récitait les prières et chantait sans s'arrêter. Chaque bénédiction - du feu, de l'eau, des épices, des fleurs, des fruits - je l'ai reçue et je l'ai donnée au nom d'Isabeau. Je pensais à elle si fort que mes larmes ruisselaient par terre.

A 19h30 j'ai quitté la cérémonie, bien qu'elle n'était pas complètement terminée. A 19h30, à quelques centaines de kilomètres du temple de Ganesh, mon fils a reçu un coup de téléphone d'un homme qui venait de trouver Isabeau dans son jardin. Ce n'était pas juste à côté de la maison, Harry a mis 5 minutes à courir la distance, et il court vite. Le jardin était sur le boulevard Jean Jaurès, le périphérique de Clermont, où pas seulement les chats mais aussi les humains se font renverser régulièrement. Elle était vivante. La prenant dans ses bras, il a couru chez nous pour trouver la voiture, et un quart d'heure plus tard Isabeau est arrivée chez notre vétérinaire. Son verdict était sans appel, il fallait l'euthanasier toute de suite. Elle avait une jaunisse résultant des blessures internes, impossible à la sauver. Elle avait été renversée plusieurs jours auparavant, peut-être même le dimanche soir juste après avoir quitté la maison.

Le lendemain je suis rentrée en train. Nous avons enterré Isabeau dans le jardin de Maryse et Jean, nos amis et anciens voisins de Boisséjour. Elle avait passé beaucoup d'heures paisibles dans ce jardin, aussi bien que dans la maison où elle se sentait chez elle. Elle dort à côté d'Eurydice, qui était venue chez nous pour mourir d'une leucose, mais qui a fini par vivre encore quelques années chez Maryse. Eurydice au moins a eu une fin tranquille.

Sunday, May 01, 2005

 

Pour trouver, il faut d'abord chercher.....

Isabeau a toujours aimé les jardins. De préférence, les jardins des autres. Toute petite, elle passait ses journées chez le voisin, rentrant chez nous seulement pour manger et dormir. Plus tard, quand on habitait à Boisséjour, elle avait choisi de squatter le jardin de la plus jolie maison du village, jusqu'au jour où quelque chose l'a effrayée. Elle a courru vers la grande route, et s'est fait renversée. Deux semaines plus tard, elle est rentrée à la maison, la patte fracturée soudée à un angle peu convenable, mais vivante.
A Clermont, les trois autres chats restent sagement sur la terrasse ou se promènent sur les toits des garages. Dès son premier permis de sortir, Isabeau a répéré son jardin secret. C'est un vieux jardin abandonné, où les tulipes et les herbes folles poussent avec une énergie désespérée autour d'un pêcher qui n'a pas donné son dernier fruit.
Quand elle n'était pas là pour son petit déjeuner, j'ai commencé à la chercher. Pour se rendre dans "son" jardin, elle n'a que traverser le toit, sauter dans une cour, suivre une allée, sauter une cloture et hop! elle est là. Pour moi c'était un peu plus compliqué. Faire le tour du pâté des maisons, pousser la porte (heureusement pas vérouillée) d'un immeuble, traverser le rez de chaussée, sortir dans la cour et puis suivre l'allée, tout en appellant Isabeau...... Pas de réponse.
J'ai fait des affichettes et les ai placées dans toutes les boîtes à lettres des maisons autour du jardin. Puis j'ai essayé de ne pas trop penser à elle.
Vers 23 heures je suis sortie avec la chienne. Au lieu d'aller vers le parc, nous avons marché vers le jardin d'Isabeau, puis nous avons traversé la rue. Anaïs avais compris quelque chose, elle a marché devant, je l'ai suivie. On a tourné à droite et on a suivi une autre rue jusqu'au bout. Les maisons silencieuses n'ont pas répondu quand j'ai appelé. Puis, doucement, vaguement, un miaulement. On a retracé nos pas vers l'église Jeanne d'Arc, et c'était là, au dessus de nos têtes, qu'on a entendu son "rrraourrhgh". Isabeau était assise sur un haut mur en pierre, de toute évidence heureuse de nous voir, mais trop peureuse pour descendre toute seule. J'ai du grimper sur un pylône EDF pour la rattrapper.
On est rentré à la maison, un peu comme Pierre et le Loup, d'abord Anaïs suivie par moi avec Isabeau dans les bras.
Aujourd'hui la maîtresse le Linda m'a dit que ce jardin est trop dangéreux pour les chats. Les propriétaires ont déjà fait un nettoyage ethnique de toute une colonie de chats sauvages qui y habitaient, il ne faut pas qu'Isabeau y retourne.
Pas facile.

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