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Sunday, May 08, 2005

 

You were on my mind

When I woke up this morning
You were on my mind
You were on my mind
I got troubles, whoa-oh
I got worries, whoa-oh
I got wounds to bind

Isabeau est restée deux jours à la maison après son sauvetage. C'était le weekend de grand chaleur avec de la pluie de temps en temps. Elle a pris des bains de soleil sur la terrasse, elle a mangé à sa faim, elle a fait la sieste sur mon lit. Le dimanche soir on a dîné sur la terrasse. Sachant qu'il y avait des grains de maïs dans la salade, elle s'est dressée sur ses pattes d'arrière, ses pattes de devant à côté de mon assiette. J'ai aligné des grains de maïs sur la table pour qu'elle les attrappe avec sa patte, c'était son truc à elle. Après, quand tout le monde est rentré dans l'appartement, elle n'a pas voulu. Impossible à l'attrapper. Elle est partie pour la dernière fois à travers les toits des garages.

Oui, nous avons essayé de la trouver, mais cette fois sans grand espoir. Je suis retournée le lendemain à l'endroit où Anaïs l'avait retrouvée le vendredi dernier. C'était le jardin du presbytère. Le curé m'a invitée à entrer pour la chercher, mais elle n'était pas là. On a échangé quelques paroles, j'avais l'impression que le curé voulait prolonger la conversation.

- Pourriez-vous dire une prière pour elle? j'ai osé demander.

L'enseignement du XVII siècle qu'il avait reçue était trop fort pour lui.

- Peut-être pas, quand même, il a répondu.

Si un dieu nous a aidé, c'était Ganesh. Le mercredi, je me suis rendue au festival de l'Inde à Chardenoux. On n'avait pas encore trouvé Isabeau, mais j'ai pensé que la méditation pourrait m'aider. Le vendredi après-midi, il y avait une cérémonie au temple de Ganesh qui a duré quatre heures. La pluie s'était arrêtée, on était assis par terre sous les arbres dans la forêt. Le Brahmane, torse nu malgré le froid, récitait les prières et chantait sans s'arrêter. Chaque bénédiction - du feu, de l'eau, des épices, des fleurs, des fruits - je l'ai reçue et je l'ai donnée au nom d'Isabeau. Je pensais à elle si fort que mes larmes ruisselaient par terre.

A 19h30 j'ai quitté la cérémonie, bien qu'elle n'était pas complètement terminée. A 19h30, à quelques centaines de kilomètres du temple de Ganesh, mon fils a reçu un coup de téléphone d'un homme qui venait de trouver Isabeau dans son jardin. Ce n'était pas juste à côté de la maison, Harry a mis 5 minutes à courir la distance, et il court vite. Le jardin était sur le boulevard Jean Jaurès, le périphérique de Clermont, où pas seulement les chats mais aussi les humains se font renverser régulièrement. Elle était vivante. La prenant dans ses bras, il a couru chez nous pour trouver la voiture, et un quart d'heure plus tard Isabeau est arrivée chez notre vétérinaire. Son verdict était sans appel, il fallait l'euthanasier toute de suite. Elle avait une jaunisse résultant des blessures internes, impossible à la sauver. Elle avait été renversée plusieurs jours auparavant, peut-être même le dimanche soir juste après avoir quitté la maison.

Le lendemain je suis rentrée en train. Nous avons enterré Isabeau dans le jardin de Maryse et Jean, nos amis et anciens voisins de Boisséjour. Elle avait passé beaucoup d'heures paisibles dans ce jardin, aussi bien que dans la maison où elle se sentait chez elle. Elle dort à côté d'Eurydice, qui était venue chez nous pour mourir d'une leucose, mais qui a fini par vivre encore quelques années chez Maryse. Eurydice au moins a eu une fin tranquille.

Comments:
Jane, je n'ai pas de dieu à qui adresser des prières. Que pourrais-je bien dire pour toi et pour Isabeau ?
Il ya déjà tant d'êtres aimés dans la terre des jardins, et tant d'autres morts que personne n'a aimés. Souvent on ne peut rien.
 
ET merde.
 
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