Les Vaches Rouges

L'adresse d'un blog triste mais intéressant:

http://urban95.skyblog.com/

Antoinette n'est plus jeune et mince. Elle n'est pas obèse non plus, c'est juste que son corps a pris une forme plus arrondie avec l'âge. Comme beaucoup de femmes d'ailleurs, ayant passé le mi-temps de leurs vies, qui s'épaissent et se ratatinent de plus en plus. Antoinette a été comparée à un raton laveur. Pour ceux qui ont vu les films de PETA sur les élevages de fourrure, les images des ratons laveurs sont difficiles à oublier. Des animaux tous en courbes rondes, avec de petites mains. Dans la nature ils lavent leur nourriture dans le ruisseau. Dans les cages immondes des élevages, pas question de laver car souvent il n'y a même pas d'eau à boire. Je divague: je ne voulais pas parler de la souffrance des raton laveurs, mais de leur ressemblance avec Antoinette, la doyenne de nos chats.

Antoinette ne supporte pas du tout la petite nouvelle, Zara. Zara veut être aimée par Antoinette, elle se met souvent à côté d'elle, ce qui met la vieille raton laveur en colère et l'oblige à aller s'asseoir ailleurs. Zara est trop autoritaire, elle veut imposer sa vision de monde sur les autres chats, qui ne l'apprécient pas du tout. Les heures des repas, par exemple. Nos chats n'aiment pas manger à midi, ils préfèrent attendre jusqu'à 5 heures où ils partagent une sorte de "high tea", comme les Ecossais. Zara par contre insiste à manger à midi, ce qui dérange les autres qui se sentent obligés de venir dans la cuisine et manger bien qu'ils n'aient pas faim. Par conséquent,leur repas de 5 heures est moins agréable car ils ont moins faim. C'est toute la faute à Zara.

Zara ne ressemble pas à un raton laveur, pas encore. Mais quand j'apperçois ma silhouette arrondie en passant devant une glace je pense que c'est moi qui le deviens.

Les parkings de Vulcania, notre centre-mondial-volcanique-auvergnat, sont tellement étendus que les jeunes hôtes d'accueil doivent se déplacer à vélo. Pourtant, ils ne peuvent pas tout voir, ni prévoir. Mardi dernier une famille anglaise se sont retournés à leur voiture après une visite du musée qui a duré 5 heures, et ils ont eu le chagrin de retrouver leur chien mort de soif et de chaleur. L'image de l'agonie de ce chien inconnu me hante. Mort stupide, futile, non voulue. Questions sans réponses. Le lendemain les hôtes d'accueil ont des consignes spécifiques: trouver des places de parking à l'ombre pour des voitures qui contiennent des chiens; conseiller aux propriétaires de chiens de venir les voir après une heure et demi; surveiller les voitures où se trouvent des chiens.

Les tristes images à la télé du Rainbow Warrior entouré des bateaux de pêche m'ont fait penser aux évenements d'il y a 21 ans. Le premier Rainbow Warrior était coulé par des espions français en Nouvelle Zélande: espions et meurtriers, qui n'ont jamais été punis. Le port de Marseille ne veut pas le nouveau Rainbow Warrior, non plus, sous prétexte qu'il pourrait être un "trouble à l'ordre public". L'association Les Vaches Rouges est tellement fière: n'était-ce pas la mairie de Clermont-Ferrand qui nous décrit par cette même expression?

Anaïs a tout dit dans son Canine Report, presque. Je dois préciser que nous ne sommes pas retournées aux Estivales à cause de mon travail. Dommage que j'ai raté des présentations intéressantes, y compris de la campagne pour l'abolition de la viande, ou bien celle de Patrick Sacco qui allait parler de son parcours militant. Dans les années 80 il a libéré des singes d'un laboratoire, parmi d'autres actions. Il a fondé l'association Respectons en 1997, pour venir en aide aux chiens surtout en Europe de l'est. Comme il est impossible pour moi mettre des liens directs, tapez Respectons dans Google et voilà, vous serez sur le site de cet homme remarquable.

Je soutiens Les Estivales parce que je trouve géniale cette réunion des gens pour discuter "la question animale". C'est tellement rare, et nécéssaire.

C'est une bonne chose que l'expérimentation animale était sur le menu aux Estivales, mais dommage que cette question soit si peu prise au sérieux par la jeune femme qui nourrissait ses chiens avec des croquettes Iams. Si on ne veut pas donner des croquettes végétariennes à ses animaux, on peut trouver plus éthique que la marque Iams, qui martyrise des chiens dans de véritables chambres de torture. Heureusement que la nourriture servie aux humains était 100% vegan, pas testée sur les animaux, et délicieuse.

En réponse à tout le monde qui me demande des nouvelles de "la minette", je peux vous assurer qu'elle se porte bien. Grasse comme une phoque, elle s'est construite une vie confortable, sans pouvoir abandonner toutes ses angoisses de chaton vivant dans la rue. Roger dit qu'elle a dû être martyrisée par un chien quand elle était très jeune, ce qui expliquerait la peur et la haine qu'elle montre envers Anaïs. Heureusement que son agression commence à diminuer, car je ne pouvais plus. Quand elle se jetait à la tête d'Anaïs, ou même sur son dos, sans que la chienne se défende, j'ai essayé de lui trouver une famille d'adoption. Mais bien sûr les amis des animaux ne les aiment pas autant que ça, personne ne voulait la prendre, bien qu'elle soit parfaitement aimable avec les autres chats et les humains. C'était Joëlle de Coeur de Chat Clermontois qui m'a mise en relation avec une dame qui a 25 chats. Cette femme généreuse était prête à offrir à Zara gîte et couvert illimités sans même l'avoir vue. Cependant, je l'ai gardée, puisque son comportement était amélioré. Mais trois jours avant, je l'aurais rapidement transportée chez sa bienfaitrice. Il me semble qu'elle avait compris que tout allait basculer, et elle a fait un grand effort de se contrôler. Ca ne veut pas dire qu'elle est devenue angélique, on doit toujours l'enfermer dans une chambre quand Anaïs mange ou quand elle rentre ou sort. Mais en générale la vie est plus calme, et Anaïs ne risque plus à chaque moment d'être terrorisée par une boule de suif volante.

Beaucoup de dieux et de héros se promène dans le Parc des Salins. C'est facile de se tromper de nom. Je viens de corriger mon blog "Sous les arbres" où j'ai mélangé Ulysses et Hercule. En effet c'était le maître d'Hercule qui signe nos pétitions; le maître d'Ulysse est aficionado et en plus il tue les taupes, donc pas question qu'il signe.

J'allais écrire un nouvel blog intitulé "Sam", où j'aurais parlé de la prolifération d'abandons de jeunes bergers allemands. En même temps que je rencontrais Rex en train de faire la manche devant le supermarché, je rencontrais Sam sur les pelouses derrière la piscine, ou bien au Salinois. Tout comme Rex, Sam est un berger allemand jeune et beau. Un matin, j'ai rencontré son maître en train de se consoler avec une bière, tout en pleurant son chien: son vrai maître l'avait repris. Tous ces chiens pedigrees prêtés par leurs propriétaires aux marginaux, ça cache un traffic, peut-être? Mais non. Sam et Rex ne sont que le même chien, selon le maître de Mélodie. De son vrai nom, Anelka, il a des papiers pour prouver qu'il existe, comme tout le monde qui essaie de survivre en France. Bizarre quand même. Et j'ai toujours un petit doute: tandis que Rex était maigre à faire pleurer, Sam ne l'était pas.

Ceci est un CR (Canine Report) des deux premiers jours des Estivales 2006 par Anaïs de Grossepatte:

J'adore les atroupements, des moutons, des humains, des chats, peu m'importe. C'était super agréable pour moi de pouvoir m'occuper de 20 personnes, ça fait plaisir à mes instincts millénaires. (Oui, je sais qu'il y en a entre vous qui ne parlez plus des "instincts", mais moi je suis sûre que j'en ai. On pourrait éventuellement les appeler par un autre nom, la mémoire collective, par exemple.) De toute façon, j'étais très heureuse d'assurer le bien-être de ce petit troupeau d'estivaliers, sans en perdre un!

L'endroit est très bien du point de vue canin. J'ai pu faire une balade le long de la rivière, en compagnie de Jane et de Valérie, et bien sûr je me suis baignée. L'eau était froide, mais pure. Un grand plaisir. Nous n'avons pas rencontré les vilaines oies dont on m'avait averti, heureusement.

D'autres chiens sont arrivés le premier soir, Solon,un cocker américain, et une petite terrier dont le prénom n'est pas très facile à écrire. Ca doit être ces deux dont parle Yves. C'est vrai que les petits chiens ont une tendance à japper, mais ces deux ne le faisait pas excessivement. Leur comportement était tout à fait correcte. Le lendemain une gentille chienne noire (comme moi) est apparue, et un petit, vieux, sourd bout de chou qui dormait à l'ombre. Dommage que mon ami John de l'année dernière n'est pas venu, il passait des vacances chez sa grande-mère, je crois.

Dimanche matin nous avons fait des courses pour François le cuisinier, et puis je suis montée à l'étage surveiller la présentation d'Antoine. Heureusement que j'étais là, car Antoine a laissé ses humains s'installer n'importe où. Grâce à ma vigilance, ils ne se sont ni égarés ni tombés dans l'escalier.

C'était avec des regrets que je suis partie dimanche après-midi. Mon frère a besoin de la voiture pour aller travailler. J'espère revenir aux Estivales jeudi, pour rencontrer Patrick Sacco, et avoir des nouvelles de "Jimbo" (pas son vrai nom, chien battu, vous comprenez).

De gros bisous à tout le monde,

Anaïs

Annie est un peu la sainte patronne des SDF de la Place des Salins. Le maître de Thaï, dont on ne se rappelle jamais le prénom, lui a demandé son aide la semaine dernière. Il paraît que le maître de Mélodie (dont on ne se souvient pas du prénom non plus) lui avait confié un jeune berger allemand parce qu'il ne voulait plus s'en occuper. Et plusieurs semaines avant, c'était un autre SDF qui l'avait confié au maître de Mélodie.

Le maître de Thaï, après avoir réfléchi, ne veut pas nourrir un deuxième chien, donc il a fait appel à Annie de résoudre le problème. Annie pourrait-elle dans sa belle voiture emmener Rex au refuge? Annie veux bien l'aider, mais elle ne veut pas que le refuge pense que c'est elle qui abandonne le chien. Donc c'est moi qui appelle le refuge, qui acceptera le chien si on l'amène le lendemain matin. Ce jour là Annie garde son petit-fils, pas de problème, je vais m'occuper de Rex. Je me dirige vers le trottoir devant Casino pour confirmer les détails de l'opération avec le maître de Thaï.

Il est assis en tailler entre Thaï, sagement roulée en boule, et Rex, qui avec toute l'énergie de ses six mois, proteste vigoureusement contre la vie de mendiant. Ce pauvre Rex est d'une maigreur effroyable.

- Pourtant, il mange bien, dit l'homme.

- Il a des vers, peut-être?

Même pas. Ses vermifuges sont même notées dans son carnet de santé. Nous fixons un rendez-vous pour le lendemain matin. Le lendemain j'arrive, plus de Rex.

- Son propriétaire l'a repris, dit l'homme.

Et qui est ce propriétaire? C'est le premier SDF qui l'a donné au maître de Mélodie, c'est lui qui avait gardé ses papiers LOF, c'est un chien pédigrée. Hier soir il est venu chercher le maître de Thaï dans Le Petit Bouchon, et lui a annoncé qu'il voulait reprendre son chien.

Voilà l'histoire de Rex. Je crains pour son bien-être, c'est le moins qu'on puisse dire.