Les Vaches Rouges

Le cirque Pinder arrive à Clermont-Ferrand ce soir, au parking près du Cinédôme "Espace Ernest Cristal", il y restera jusqu'au 6 Avril.
Vendredi dernier j'ai appris la nouvelle tard dans l'après-midi, vers 17 heures. Trop tard pour appeler One Voice pour avoir des tracts, en plus c'est le vendredi du week-end de Pâques.......... Néanmoins, je les ai appelé, en expliquant que je n'avais plus de tracts anti-cirque. La jeune femme au standard était désolée, le courrier était déjà parti, mais elle allait essayer quand même.
A 10h samedi un paquet envoyé par One Voice était dans ma boîte à lettres, plein de tracts avec des photos terribles, des éléphants, des lions, des tigres, des ours. Je vais les distribuer ce soir, aussi près du cirque que possible (il y a quelques mois j'ai été aggressée par des employés d'un cirque à Riom; maintenant je suis plus prudente).
Merci One Voice pour votre efficacité, votre rapidité, votre gentillesse.

Beaucoup de réactions à cette histoire. Des gens veulent réunir Mistinguette et Mathilde, ou au moins sauver Mathilde de l'anonymité. Moi, je veux bien, mais la tache n'est pas facile. Comme a dit une journaliste à qui j'ai demandé de l'aide: Si on arrive à trouver ces animaux, maintenant qu'elles ont des propriétaires, ce n'est pas sûr que ces gens vont les laisser partir. Normal.
Pourtant, la journaliste va écrire un article dans "La Montagne" (alias "Pravda"!).
On verra ce que ça donne.
En attendant, qui connait un refuge ou un particulier qui pourrait éventuellement les accueillir? En Auvergne, comme vous avez pu constater en lisant ces histoires, il n'y a pas de reseaux pour aider les animaux, ou bien ils sont très confidentiels. SOS Cheval existe, mais ils s'occupent des cas de maltraitance grave; M et M ne rentrent pas dans cette catégorie.

C'était il y a deux semaines, juste après notre démenagement. Anaïs et moi, nous nous promenions tôt le dimanche matin dans le parc des Salins (ce qui d'ailleurs, risque de devenir le site de la nouvelle gare routière, pour faire place à la nouvelle bibliothèque......). Anaïs a fait la connaissance d'un chow chow, un de ces chiens à la langue bleue. Son propriétaire en était très fier. C'était un homme mal rasé, avec une tête très oubliable, mais j'avais l'impression de le reconnaître. Depuis quelque temps j'oublie vite les visages, est-ce la même chose pour tout le monde qui a passé la cinquantaine? En tout cas cet homme a commencé à me parler, surtout pour critiquer les gens qui s'occupent mal de leurs animaux. Puis il voulait parler de lui. Il m'a raconté qu'il avait une ânesse, dont il avait été obligé de se séparer à cause de son démenagement. C'était le déclic.

- Et votre ânesse s'appellait-elle Mistinguette? Et avait-elle une compagne, une brébis nommée Mathilde?

L'homme avait l'air contrarié. Il doit avoir la mémoire bien plus mauvaise que la mienne. Surtout d'avoir oublié mon accent, qui est un peu particulier, euh, plutôt très anglais.

- Vous ne vous souvenez vraiment pas de moi? C'était moi qui avais acheté le filet pour protéger le visage de Mistinguette contre les mouches, qui pondaient leurs oeufs dans les plaies faites par la cloture en fil de fer...... Et la crême antiseptique aussi.

La gêne totale. Oui, maintenant il se souvient de moi. Pauvre Mistinguette, il ne pouvait pas s'occuper d'elle comme il fallait. Et puis, il avait vendu la maison à Ceyrat, il allait vivre en ville, il fallait trouver quelqu'un qui voulait s'occuper de l'ânesse.

- Mais tous les voisins voulaient s'occuper d'elle! Plusieurs d'entre nous ont parlé soit avec vous, soit avec votre femme......

- Ce n'était pas ma femme!

- Bon, désolée, avec la femme qui vivait chez vous. Au moins, vous l'avez vendue à un bon prix?

- Ah non, j'ai fini par la donner. A un professeur qui habite près de Rochefort Montagne.

-Et Mathilde?

- Ah non, il ne voulait pas prendre Mathilde. On l'a mise avec un troupeau de moutons.

- Mais elles étaient inséparables! En plus, Mathilde était très dégourdie, peut-être parce qu'elle vivait avec une ânesse, ou bien à cause de l'attention qu'elle recevait de tous les voisins. La remettre dans un troupeau de moutons avec l'abattoir comme destination, c'est fou!

- Qu'est-ce que vous voulez, c'est comme ça. Je n'y suis pour rien.

C'est comme ça qu'il voyait la situation - il n'est responsable de rien. En guise de lot de consolation, il m'a dit qu'il avait vu Mathilde, bon, il ne pouvait plus la reconnaître, mais de toute façon le troupeau est toujours là. Par contre, il ne voit pas souvent Mistinguette, son pré est difficile à trouver. La dernière fois qu'on l'a vue elle avait les sabots très longs. Non, il ne pouvait pas me donner l'adresse, il l'avait oubliée, au revoir, il faut se dépêcher.......

L'ironie de cette histoire: Nous essayons de donner des prénoms aux animaux d'élevage ou de boucherie pour les sortir de l'anonymat. Et voici Mathilde, baptisée depuis sa naissance, un personnage reconnu dans les chemins campagnards de Ceyrat, qui est jetée, comme vieille chose sans valeur, au milieu d'un troupeau qu'elle ne connait pas. Elle est devenue anonyme comme les autres; et comme elles, son seul avenir est l'abattoir.

Hier soir les Vaches Rouges ont présenté deux films sur la fourrure. Le premier, le résultat d'une infiltration dans un élevage de fourrure aux Etats-Unis, était en anglais. J'ai baissé le son et je l'ai doublé en français. Les images des animaux malades, blessés et mourants étaient assez difficiles à supporter. On a du arrêter le film souvent parce que le public posait des questions. Cela m'a plu.
Le deuxième film qu'on a montré c'était le film "monstrueux" qui se balade actuellement sur le web. (Merci à E. de l'avoir mis sur DVD. Merci aussi à Stéphanie pour la cassette VHS du premier film.)
Le film a été tourné par un Chinois, dans un élevage de fourrure en Chine. Les animaux en question étaient des chiens viverrins(?) et des renards aussi, je crois. Il y a quelques sous-titres et gros-titres en chinois, mais aucun commentaire. Il n'y en a pas besoin. Quand le public a commencé à se rendre compte de ce qui se passait, tout le monde a été complètement choqué, horrifié. On a montré le film tel quel, sans l'arrêter, jusqu'à la fin. Pour dire la vérité, c'était la première fois que j'ai pu le regarder jusqu'à la fin, grâce à la présence des autres. Leurs expressions d'horreur me reconfortaient un peu.
Cette conférence a eu lieu au Café Lecture "Les Augustes" à Clermont-Ferrand.
Une des personnes présentes (un psychothérapeute de profession, tiens) a suggéré que je répète la conférence plusieurs fois, pour toucher le plus grand nombre de gens. Je ne sais pas si j'aurais la force; cette expérience était très éprouvante. Par contre, si ça pouvait passer à la télé.........