.comment-link {margin-left:.6em;}

Saturday, July 28, 2007

 

La mort sans conséquences d'une chienne sans importance

Mélodie est morte.

Pendant ses dernières semaines de vie, elle a vraiment suivi son chemin de croix. Couchée toute la journée sur le trottoir, sans même une couverture pour séparer ses articulations rhumatisantes du béton froid, souvent ses nuits étaient passées dans le même endroit. Bien que colocataire en appartement, son maître choisissait de rester sur place après des soirées trop arrosées. Le patron du Petit Bouchon ayant inventé une nouvelle règle de "Un client, un chien", c'était toujours Mélodie que je trouvais attachée sous la pluie, trop malade, trop fatiguée pour protester.

Il allait demander, ce maître de Mélodie, il allait demander à Annie de l'emmener chez un véto pour la faire piquer. Parce que Annie a des thunes. C'était Annie qui a sauvé Mélodie de la fourrière il y a longtemps, parce qu'elle pouvait payer la rançon exigée. Mais Annie est introuvable, et Mélodie reste en vie.

Et puis un matin je le vois, le maître de Mélodie. Il est assis avec un autre homme, leurs dos appuyés contre le mur du supermarché, un panier pour les sous devant eux, et à côté d'eux la petite chienne, La Misère. Et puis un grand trou, une absence, un cri de désespoir.

- Ca y est, dit le maître de Mélodie.

Il me montre ses papiers, je ne sais pas pourquoi. Tout ce que j'ai pu lire, c'était l'autorisation pour l'incinération. Et là, j'étais étonnée d'apprendre, à travers mes larmes qui n'allaient nulle part, que le nom de Mélodie s'écrivait avec un "y".

Mélody.

Comments: Post a Comment



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?