Les Vaches Rouges

On était une petite dizaine de militants à monter dans le car à Toulouse, mais après s'être arrêtés à Carcassonne et au Village Catalan, nous étions quarante. A Barcelone nous nous sommes séparés pour nous perdre dans la foule des manifestants Catalans et internationaux. Le point de rassemblement était près du port, nous allions marcher jusqu'à la Monumental, l'arène de Barcelone. Des jeunes vendaient de beaux t-shirts anti-corrida, il y avait une ambiance joyeuse et dynamique. Parmi les quelques prises de parole au micro, un Irlandais a parlé comme seulement les Irlandais savent le faire. Il était venu de Dublin pour la manif. Quand la marche a commencé je me suis mise derrière les batteurs, j'étais curieuse de les entendre. Ils étaient formidables, tout le long de la manifestation ils nous ont rythmé le pas avec leurs sons surtout africains (je crois), des sons à nous donner envie de danser et de bouger. Souvent ils nous ont demandé de nous mettre par terre, puis on se levait ensemble comme une grosse vague d'énergie. Le long de la route la plupart des spectateurs nous souriaient, sauf une jeune femme sur un balcon qui nous a insultés. Bien sûr la marche s'est arrêtée pour que les manifestants puissent l'insulter à leur tour. Finalement elle est allée chercher un drapeau espagnol qu'elle a attaché au balcon. A ce point là j'ai recommencé à marcher, mais Harry m'a dit plus tard que son voisin en haut a mis un drapeau catalan sur son balcon, donc la guerre des drapeaux aurait pu durer toute la soirée.

La Monumental se dresse comme une forteresse de désespoir derrière ses palmiers et ses tours mauresques. Douze cars de policiers en bérets chics nous ont barré la route, laissant passer que des gens à l'air comiquement bcbg: les aficionados. Des femmes qui ressemblaient pas mal à Cécilia Sarkozy nous ont fait des gestes avec les mains, des gestes que les gens bien élevés ne font pas d'habitude. En revanche nous avons fait un bruit à réveiller les morts - sifflets, casseroles et la voix humaine. Isabel m'a assurée qu'à l'intérieur de la Monumental on nous aurait entendus. Je l'espère.

Selon l'estimation de la police, nous étions 4000 manifestants. Quel message pour les tortionnaires des animaux. Quel message aussi pour les animaux victimes, mais pour eux un message d'amour. Nous sommes avec vous!

C'est grâce à Isabel Marcoux que je suis allée à Barcelone, et mon fils aussi. Il est possible que le car ne serait pas parti sans la volonté de cette femme formidable. Merci, Isabel.


Manifestation anti-corrida à Barcelone le 17 juin 2007