Sunday, July 03, 2005
Mon pays
Ma cousine Cathy habite dans le Cheshire, près du Pays des Galles, où elle a un grand jardin et un pré. A une certaine époque elle avait des moutons, qui étaient là pour manger l'herbe. Aussi, je pense, pour leur présence reconfortante. Rien de plus agréable que de voir des moutons heureux en train de brouter l'herbe au fond du jardin. Bien qu'elle s'occupe bien de son troupeau, un jour une brébis est tombée malade. Cathy a appelé son vétérinaire, qui ne pouvait pas venir mais qui allait envoyer sa nouvelle collègue. La jeune véto avait l'air très bien, gentille, souriante, en plus elle était Australienne. Cathy lui a expliqué que son père était originaire de ce pays lointain, ce qui lui a ravi. Elle avait le mal du pays, et parler avec une demi-Australienne l'a soulagé un peu.
Arrivée devant la brébis malade, tout d'un coup la vétérinaire avait l'air gêné. Confrontée d'un tricératops, elle aurait été plus à l'aise. Finalement elle a confié à ma cousine qu'elle n'avait jamais soigné un mouton. Les vaches, oui, bien sûr. Les chevaux, par centaines. Mais les moutons......en Australie, il y en a trop. On ne les soigne pas.
On disait que l'Australie a accumulé ses richesses sur le dos du mouton. Je ne sais pas si cela se traduit bien, en anglais c'est 'Australia's wealth was built on the sheep's back'. C'était tout au début du 19ème siècle, quand l'Australie n'était pas encore l'Australie, mais un bagne. John MacArthur a importé des moutons espagnols, des merinos, et sa femme Elizabeth s'occupait du côté pastoral avec l'aide des bagnards. Bientôt des colons ont traversé les Montagnes Bleues et ont poussé vers l'ouest, accompagnés par des troupeaux de moutons. Les Aborigènes n'aimaient pas ces animaux bizarres qui ne ressemblaient pas aux kangourous, et parfois ils les tuaient. Bien sûr, pour chaque mouton tué, les colons massacraient toute une famille d'Aborigènes.
La laine est devenue l'industrie principale de l'Australie, exportée surtout vers l'Europe pendant la révolution industrielle. Mais que faire avec toute cette viande qui était cachée par la laine? Thomas Mort (son nom lui va comme un gant) a inventé un système réfrigérant pour les bateaux, et on envoyait des carcasses de moutons vers l'Angleterre. Les Anglais pouvaient non seulement s'habiller grâce aux merinos australiens, mais ils les mangeaient en gigot le dimanche.
Quelques bémols. Jusqu'à 1840, il y avait beaucoup de bagnards pour garder les moutons. Après la fermeture du bagne, on mettait des clôtures partout et on abandonnait les moutons à leur destin. Puisque les mouches pondaient leurs oeufs sur les fesses crottées des moutons, ce destin était souvent d'être dévorés vivants par les asticots. Le problème, c'est la peau ridée des merinos. Plus de laine, bien sûr, mais aussi des endroits chauds et humides pour que les oeufs des mouches prospèrent. Dans les pires des cas, les oeufs devenus asticots mangent la chair vivante des moutons ("Flystrike"), ce qui est très douloureux et parfois mortel.
Un autre problème: la taille des troupeaux. Souvent entre 2000 et 4000 animaux, sur les grandes fermes il peut y en avoir dix fois ce nombre. Les éleveurs, même les plus prospères, n'ont jamais voulu employer de vraies bergers pour s'occuper de la santé des moutons. Traditionnellement, un homme à cheval accompagné par quelques chiens faisait l'affaire. Il les ramenait pour être tondus, castrés, abattus. Les soins apportés par un vrai berger, on ne les a jamais vus en Australie.
Le climat. Les mouches. La manque totale des soins. Le flystrike.
Dans les années 1930 un gardeur de bestiaux (a stockman), Monsieur J.H. Mules, a inventé une procédure pour eviter le flystrike. Non, il n'a pas convaincu les éleveurs de garder seulement les moutons sans rides, ni de couper régulièrement la laine sale autour des fesses, ni de selectionner les moutons non-prédisposés génétiquement au flystrike, ni de doubler ni de tripler les effectifs des fermes. Non, il a trouvé une solution beaucoup plus radicale, qui consiste à écorcher vif et sans anaesthésie la peau couverte de laine autour des fesses. (Pour des photos en couleur, Savethesheep.com). Cette pratique est toujours utilisée par 60% des éleveurs australiens.
Ca suffit pour aujourd'hui. Demain, je traduirai quelques arguments de PETA et les opposants australiens à cette pratique. Si vous lisez l'anglais, pour voir comment l'industrie de la laine est inquiétée par PETA, woolisbest.com. Ou taper Mulesing sur Google et choisissez.
Arrivée devant la brébis malade, tout d'un coup la vétérinaire avait l'air gêné. Confrontée d'un tricératops, elle aurait été plus à l'aise. Finalement elle a confié à ma cousine qu'elle n'avait jamais soigné un mouton. Les vaches, oui, bien sûr. Les chevaux, par centaines. Mais les moutons......en Australie, il y en a trop. On ne les soigne pas.
On disait que l'Australie a accumulé ses richesses sur le dos du mouton. Je ne sais pas si cela se traduit bien, en anglais c'est 'Australia's wealth was built on the sheep's back'. C'était tout au début du 19ème siècle, quand l'Australie n'était pas encore l'Australie, mais un bagne. John MacArthur a importé des moutons espagnols, des merinos, et sa femme Elizabeth s'occupait du côté pastoral avec l'aide des bagnards. Bientôt des colons ont traversé les Montagnes Bleues et ont poussé vers l'ouest, accompagnés par des troupeaux de moutons. Les Aborigènes n'aimaient pas ces animaux bizarres qui ne ressemblaient pas aux kangourous, et parfois ils les tuaient. Bien sûr, pour chaque mouton tué, les colons massacraient toute une famille d'Aborigènes.
La laine est devenue l'industrie principale de l'Australie, exportée surtout vers l'Europe pendant la révolution industrielle. Mais que faire avec toute cette viande qui était cachée par la laine? Thomas Mort (son nom lui va comme un gant) a inventé un système réfrigérant pour les bateaux, et on envoyait des carcasses de moutons vers l'Angleterre. Les Anglais pouvaient non seulement s'habiller grâce aux merinos australiens, mais ils les mangeaient en gigot le dimanche.
Quelques bémols. Jusqu'à 1840, il y avait beaucoup de bagnards pour garder les moutons. Après la fermeture du bagne, on mettait des clôtures partout et on abandonnait les moutons à leur destin. Puisque les mouches pondaient leurs oeufs sur les fesses crottées des moutons, ce destin était souvent d'être dévorés vivants par les asticots. Le problème, c'est la peau ridée des merinos. Plus de laine, bien sûr, mais aussi des endroits chauds et humides pour que les oeufs des mouches prospèrent. Dans les pires des cas, les oeufs devenus asticots mangent la chair vivante des moutons ("Flystrike"), ce qui est très douloureux et parfois mortel.
Un autre problème: la taille des troupeaux. Souvent entre 2000 et 4000 animaux, sur les grandes fermes il peut y en avoir dix fois ce nombre. Les éleveurs, même les plus prospères, n'ont jamais voulu employer de vraies bergers pour s'occuper de la santé des moutons. Traditionnellement, un homme à cheval accompagné par quelques chiens faisait l'affaire. Il les ramenait pour être tondus, castrés, abattus. Les soins apportés par un vrai berger, on ne les a jamais vus en Australie.
Le climat. Les mouches. La manque totale des soins. Le flystrike.
Dans les années 1930 un gardeur de bestiaux (a stockman), Monsieur J.H. Mules, a inventé une procédure pour eviter le flystrike. Non, il n'a pas convaincu les éleveurs de garder seulement les moutons sans rides, ni de couper régulièrement la laine sale autour des fesses, ni de selectionner les moutons non-prédisposés génétiquement au flystrike, ni de doubler ni de tripler les effectifs des fermes. Non, il a trouvé une solution beaucoup plus radicale, qui consiste à écorcher vif et sans anaesthésie la peau couverte de laine autour des fesses. (Pour des photos en couleur, Savethesheep.com). Cette pratique est toujours utilisée par 60% des éleveurs australiens.
Ca suffit pour aujourd'hui. Demain, je traduirai quelques arguments de PETA et les opposants australiens à cette pratique. Si vous lisez l'anglais, pour voir comment l'industrie de la laine est inquiétée par PETA, woolisbest.com. Ou taper Mulesing sur Google et choisissez.