Sunday, February 06, 2005
Charlotte
On a grandi ensemble, Charlotte et moi. Auvergnates depuis des générations, ce sont les Monts du Cantal qui ont bercé notre enfance: les longues journées ensoleillées coupées par des tempêtes en été, la douce neige poudreuse en hiver. Dans nos familles on ne trouvait que la chaleur et l'amour. Ma mère essayait de me préparer pour la vie, mais je ne l'écoutais pas trop. Je ne pouvais pas croire qu'un jour je devais quitter la montagne, ma famille.
Pourtant ce jour est venu; et, a mon grand chagrin, je n'ai pas eu le temps de dire au revoir à ma mère. On est venu nous chercher, tous les jeunes. Heureusement, Charlotte et moi on est resté ensemble pendant le voyage à Maurs, qui était terrifiant pour nous qui n'étions jamais montés en camion. Il y avait des bousculades, et un de nos copains, Benoît, s'est blessé. Une grande plaie ouverte derrière son épaule.
Arrivés au marché, nous nous sommes retrouvés derrière des barreaux. Il n'y avait pas assez de place, mais heureusement Charlotte était toujours à côté de moi. Je me souviens toujours de son odeur douce. Des hommes nous regardaient, comme de la vulgaire marchandise, ils se sont serrés la main, et ensuite on nous a sorti de l'enclos avec beaucoup de bruit et en nous tapant avec leurs bâtons.
Et c'était là où on nous a séparées. Charlotte a été poussée contre son gré dans un camion à destination de l'Italie. C'était plus tard que j'ai appris qu'on allait la tuer, parce que les Italiens adorent la viande de cheval français. Quant à moi, une femme m'a achetée, en pensant de me faire du bien. Franchement, j'aurais préféré partir avec Charlotte.
Chaque jour je pense à elle.
Pourtant ce jour est venu; et, a mon grand chagrin, je n'ai pas eu le temps de dire au revoir à ma mère. On est venu nous chercher, tous les jeunes. Heureusement, Charlotte et moi on est resté ensemble pendant le voyage à Maurs, qui était terrifiant pour nous qui n'étions jamais montés en camion. Il y avait des bousculades, et un de nos copains, Benoît, s'est blessé. Une grande plaie ouverte derrière son épaule.
Arrivés au marché, nous nous sommes retrouvés derrière des barreaux. Il n'y avait pas assez de place, mais heureusement Charlotte était toujours à côté de moi. Je me souviens toujours de son odeur douce. Des hommes nous regardaient, comme de la vulgaire marchandise, ils se sont serrés la main, et ensuite on nous a sorti de l'enclos avec beaucoup de bruit et en nous tapant avec leurs bâtons.
Et c'était là où on nous a séparées. Charlotte a été poussée contre son gré dans un camion à destination de l'Italie. C'était plus tard que j'ai appris qu'on allait la tuer, parce que les Italiens adorent la viande de cheval français. Quant à moi, une femme m'a achetée, en pensant de me faire du bien. Franchement, j'aurais préféré partir avec Charlotte.
Chaque jour je pense à elle.