Monday, January 17, 2005
Cabu
Dans "Le Monde" d'hier, un article sur le dessinateur Cabu:
"..............Outre l'armée et les religions, il affiche ses détestations: les chasseurs, les sportifs, les corridas, la surconsommation et, surtout, 'la pub décervelante et la télé-poubelle'."
"..............Outre l'armée et les religions, il affiche ses détestations: les chasseurs, les sportifs, les corridas, la surconsommation et, surtout, 'la pub décervelante et la télé-poubelle'."
La foire aux chevaux
La satisfaction de se lever à 4 heures du matin et de rouler à travers une ville endormie est vite tournée au cauchemar. Sur l'autoroute le brouillard avait réduit la visibilité à presque zéro, les quelques voitures roulaient à pas d'escargot. Quatre heures plus tard je suis arrivée à Maurs. Un air de fête dans le parking, des enfants pleins d'anticipation comme à une fête foraine, une fillette tirant son papa par la main pour arriver plus vite en présence des chevaux.
Etait-elle déçue? Je n'en sais rien. Chaque personne voit les choses différemment. Dans les premiers enclos où je ne voyais que des animaux qui n'avaient pas assez de place, qui avaient peur, qui avaient soif, qui avaient faim, ou bien qui étaient épuisés ou malades, des groupes de familles les regardaient comme des objets exposés dans un musée. Disneyland sur pattes.
Un éleveur m'a prêté un seau. Comment donner à boire à 2,000 animaux avant qu'ils montent dans les camions? Dans un esprit zen, j'ai commencé, enclos par enclos. Quelques chevaux avaient très soif, plongeant leurs museaux dans l'eau, l'avalant en longues gorgées. D'autres étaient trop fébriles, trop inquièts, s'ils avaient eu de la place ils se seraient tournés en rond.
Un cheval seul dans un enclos s'est trempé les lèvres dans l'eau, comme un malade, puis il a laissé tombé sa tête, l'air abattu. Il y avait une grosse plaie ouverte derriére son épaule droite. J'ai pris des photos. Un jeune homme qui me regardait m'a informé que l'animal s'était blessé dans le camion qui l'a transporté sur le marché. Mais c'était il y a déjà cinq heures! Il s'est haussé les épaules, faut pas s'inquiéter, de toute façon le propriétaire est parti chercher un vétérinaire. Oui, le vétérinaire des Services vétérinaires départementaux qui est présent sur le marché. Ils ne vont pas tarder, on va s'occuper du cheval, le vétérinaire fera des sutures, lui donnera des antibiotiques, ça va aller. Je l'ai cru. C'était ma première foire aux chevaux.
Une demi-heure plus tard, toujours faisant mon job de porteur d'eau, j'ai croisé un des directeurs de la foire. Il voulait bien voir le cheval blessé. On a retracé mes pas, on a marché le long des couloirs entre les enclos, on ne l'a pas retrouvé.
- Ce n'est pas grave, dit M. le Directeur. Vous savez, un animal blessé sur 2000, ce n'est rien!
Où était le cheval? Probablement chargé au fond d'un camion, caché derrière les autre chevaux,
en attendant le voyage en Italie. Un cheval blessé et fièvreux comme lui aurait du mal à se tenir debout pendant les longues heures du voyage. Il faut dépenser beaucoup d'energie pour ne pas tomber. Si tu tombes, les autres chevaux te piètinent, tu ne pourras jamais te lever. A la fin du voyage sans fin, on va te tirer n'importe comment du camion, car il ne faut pas rater sa chance de devenir, sinon de beaux steacks, au moins des boîtes de nourriture pour les chiens.
Etait-elle déçue? Je n'en sais rien. Chaque personne voit les choses différemment. Dans les premiers enclos où je ne voyais que des animaux qui n'avaient pas assez de place, qui avaient peur, qui avaient soif, qui avaient faim, ou bien qui étaient épuisés ou malades, des groupes de familles les regardaient comme des objets exposés dans un musée. Disneyland sur pattes.
Un éleveur m'a prêté un seau. Comment donner à boire à 2,000 animaux avant qu'ils montent dans les camions? Dans un esprit zen, j'ai commencé, enclos par enclos. Quelques chevaux avaient très soif, plongeant leurs museaux dans l'eau, l'avalant en longues gorgées. D'autres étaient trop fébriles, trop inquièts, s'ils avaient eu de la place ils se seraient tournés en rond.
Un cheval seul dans un enclos s'est trempé les lèvres dans l'eau, comme un malade, puis il a laissé tombé sa tête, l'air abattu. Il y avait une grosse plaie ouverte derriére son épaule droite. J'ai pris des photos. Un jeune homme qui me regardait m'a informé que l'animal s'était blessé dans le camion qui l'a transporté sur le marché. Mais c'était il y a déjà cinq heures! Il s'est haussé les épaules, faut pas s'inquiéter, de toute façon le propriétaire est parti chercher un vétérinaire. Oui, le vétérinaire des Services vétérinaires départementaux qui est présent sur le marché. Ils ne vont pas tarder, on va s'occuper du cheval, le vétérinaire fera des sutures, lui donnera des antibiotiques, ça va aller. Je l'ai cru. C'était ma première foire aux chevaux.
Une demi-heure plus tard, toujours faisant mon job de porteur d'eau, j'ai croisé un des directeurs de la foire. Il voulait bien voir le cheval blessé. On a retracé mes pas, on a marché le long des couloirs entre les enclos, on ne l'a pas retrouvé.
- Ce n'est pas grave, dit M. le Directeur. Vous savez, un animal blessé sur 2000, ce n'est rien!
Où était le cheval? Probablement chargé au fond d'un camion, caché derrière les autre chevaux,
en attendant le voyage en Italie. Un cheval blessé et fièvreux comme lui aurait du mal à se tenir debout pendant les longues heures du voyage. Il faut dépenser beaucoup d'energie pour ne pas tomber. Si tu tombes, les autres chevaux te piètinent, tu ne pourras jamais te lever. A la fin du voyage sans fin, on va te tirer n'importe comment du camion, car il ne faut pas rater sa chance de devenir, sinon de beaux steacks, au moins des boîtes de nourriture pour les chiens.
Sunday, January 16, 2005
Le Lac des Cygnes
Dans notre ville il y a un joli parc que je traverse plusieurs fois par jour en promenant ma chienne. Au milieu du parc il y a un étang artificiel, sur lequel glissent deux cygnes et un canard col-vert. Le canard est le seul survivant d'une famille de douze, m'a-t-on dit. Les autres ont été tués par des chasseurs, ou par des chiens, ou bien ils se sont envolés. La réponse change avec la personne qui parle: la vieille dame au caniche jure que c'étaient des gros chiens (comme le mien); le monsieur qui se promène avec Wanda, le Jagt terrier, m'assure que c'était des chasseurs; l'employé de la mairie qui nettoie le parc les a vus de ses propres yeux s'envoler.
Le canard qui reste n'a pas l'air malheureux, surtout que le couple de cygnes s'occupent bien de lui. Quand il s'éloigne trop ils le rappellent, ils l'emmènent toujours en promenade avec eux sur les allées et sur les pélouses.
Quant aux cygnes, leur histoire varie aussi. On m'a dit qu'ils remplacent un couple qui a été pendu sur un arbre par deux adolescents. Le magistrat a décidé de ne pas les punir, mais d'ordonner aux parents de payer l'achat d'un nouveau couple de cygnes de Pologne.
Je trouvais cette histoire très insatisfaisant. Les malfaiteurs auraient compris que la souffrance infligée aux animaux n'avait pas d'importance; la justice a retenu seulement la destruction d'un bien appartenant à la mairie, qui pouvait être rachetée par le versement de l'argent.
Hier matin j'ai fait un tour du stade avec une femme qui travaille à l'accueil du collège. C'était elle qui avait appelé la police quand elle a vu des élèves en train de blesser les cygnes avec des lance-pierres. A l'époque des faits il y avait 3 cygnes: un vieux nommé Oscar, et un jeune couple. Oscar en effet a été pendu, et un autre tué par lance-pierre.
L'histoire ne finit pas là, selon cette femme. L'été dernier un jeune voyou a été tué par coups de couteau dans une des rues étroites qui convergent sur le parc. La victime était un des bourreaux des cygnes.
Le canard qui reste n'a pas l'air malheureux, surtout que le couple de cygnes s'occupent bien de lui. Quand il s'éloigne trop ils le rappellent, ils l'emmènent toujours en promenade avec eux sur les allées et sur les pélouses.
Quant aux cygnes, leur histoire varie aussi. On m'a dit qu'ils remplacent un couple qui a été pendu sur un arbre par deux adolescents. Le magistrat a décidé de ne pas les punir, mais d'ordonner aux parents de payer l'achat d'un nouveau couple de cygnes de Pologne.
Je trouvais cette histoire très insatisfaisant. Les malfaiteurs auraient compris que la souffrance infligée aux animaux n'avait pas d'importance; la justice a retenu seulement la destruction d'un bien appartenant à la mairie, qui pouvait être rachetée par le versement de l'argent.
Hier matin j'ai fait un tour du stade avec une femme qui travaille à l'accueil du collège. C'était elle qui avait appelé la police quand elle a vu des élèves en train de blesser les cygnes avec des lance-pierres. A l'époque des faits il y avait 3 cygnes: un vieux nommé Oscar, et un jeune couple. Oscar en effet a été pendu, et un autre tué par lance-pierre.
L'histoire ne finit pas là, selon cette femme. L'été dernier un jeune voyou a été tué par coups de couteau dans une des rues étroites qui convergent sur le parc. La victime était un des bourreaux des cygnes.
Saturday, January 15, 2005
Nous sommes avec les animaux........
La législation sur le transport des animaux est plus évoluée en Europe qu'en Amérique du nord. Pourquoi? On m'a dit que c'est parce que les activistes Américains et Canadiens travaillent beaucoup pour persuader les gens de devenir végétariens, mais ils oublient de veiller sur les animaux eux mêmes.
Cette réponse est simpliste, bien sûr. Des associations comme PETA font un travail formidable. Néanmoins, aucune loi vous empêche de transporter des vaches pendant 52 heures au Canada, sans s'arrêter une seule fois pour leur donner à boire et à manger, ou simplement pour qu'elles se reposent. Vous pouvez aussi charger des chevaux dans un camion à deux niveaux. Leurs têtes frappent continuellement contre le plafond bas.
Essayez d'imaginer l'énergie dépensée par un grand animal pour rester debout dans un camion. Après quelques heures ils se fatiguent. Si l'animal est une vache laitière épuisée par le travail, maigre, malade, il est très possible qu'elle va tomber. Une fois tombée, elle ne peut plus se relever, les autres vaches la piètinent, et si elle a de la chance elle mourra asphyxiée. Sinon, elle devient un "downer", et une fois le voyage se termine elle ne peut pas marcher. Donc, on la battra, on la tirera du camion, et on la laissera agoniser seule par terre, peut-être pendant des heures.
En Europe il y a des réglementations assez strictes sur le transport, qui ne sont pas toujours appliquées, mais les choses commencent à changer. Des associations proposent de la formation aux gendarmes, qui sont contents de faire leur travail correctement en contrôlant les camions plus souvent, en en venant en aide aux animaux dans un état critique. Ce qui reste à faire, surtout en France, c'est augmenter les amendes, qui ne sont pas assez importantes pour décourager un convoyeur récidiviste.
Cette réponse est simpliste, bien sûr. Des associations comme PETA font un travail formidable. Néanmoins, aucune loi vous empêche de transporter des vaches pendant 52 heures au Canada, sans s'arrêter une seule fois pour leur donner à boire et à manger, ou simplement pour qu'elles se reposent. Vous pouvez aussi charger des chevaux dans un camion à deux niveaux. Leurs têtes frappent continuellement contre le plafond bas.
Essayez d'imaginer l'énergie dépensée par un grand animal pour rester debout dans un camion. Après quelques heures ils se fatiguent. Si l'animal est une vache laitière épuisée par le travail, maigre, malade, il est très possible qu'elle va tomber. Une fois tombée, elle ne peut plus se relever, les autres vaches la piètinent, et si elle a de la chance elle mourra asphyxiée. Sinon, elle devient un "downer", et une fois le voyage se termine elle ne peut pas marcher. Donc, on la battra, on la tirera du camion, et on la laissera agoniser seule par terre, peut-être pendant des heures.
En Europe il y a des réglementations assez strictes sur le transport, qui ne sont pas toujours appliquées, mais les choses commencent à changer. Des associations proposent de la formation aux gendarmes, qui sont contents de faire leur travail correctement en contrôlant les camions plus souvent, en en venant en aide aux animaux dans un état critique. Ce qui reste à faire, surtout en France, c'est augmenter les amendes, qui ne sont pas assez importantes pour décourager un convoyeur récidiviste.